2015-2021 Point Bilan CGT de la restructuration des Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS).
En 6 ans, les services sociaux et Médico-sociaux du département ont connu de nombreux bouleversements.
C’est également le cas pour les Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS). Un bilan s’impose…
Les MECS peuvent être des structures privées (association, fondation) ou des établissements publics, ils relèvent de la compétence du Conseil Départemental (habilitation, financement…).
Spécialisés dans l’accueil temporaire de mineurs en difficulté, ils remplissent une fonction essentielle en matière de protection de l’enfance.
Or, entre 2015 et 2021, les capacités d’accueil de Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS) ont fondues comme neige au soleil…
C’est notamment le cas pour les places d’accueil des structures privées, quelques exemples l’illustrent :
– Notre Dame de la Roche, fermeture.
– Foyer JCLT Guerville, fermeture
– Maison St Charles au Vésinet, diminution des places.
– La Tournelle à Verneuil sur Seine, suppression d’une unité.
– Emergence à Rambouillet, suppression de places.
– Fondation Méquignon, fermeture du foyer accueil d’urgence de Poissy (transformé en foyer à long terme).
C’est également le cas pour les établissements publics du Conseil départemental 78.
Le CD 78 a également démantelé ses propres établissements publics en fermant le Foyer Départemental Carpentier à Versailles, et la Maison de l’Enfance du Pecq (MEYP).
Suite à ces fermetures, le CD 78 a ouvert une Maison de l’Enfance des Yvelines (MEY) à Mantes la Jolie comportant 2 bâtiments.
Au final, cette restructuration a entraîné une diminution de 20 % des possibilités de places d’accueil.
De plus, elle induit des difficultés liées à la concentration des 2 entités sur la même commune et à l’absence d’espace extérieur adapté pour les enfants… Nous rappelons que la collectivité avait engagé pour 11 millions de travaux d’aménagement de la MEY au Pecq avant de la fermer 4 ans après. Nous précisons que le coût de la construction sur Mantes la jolie pour pallier les fermetures de Carpentier, puis de la MEYP s’est élevée à 21,6 millions pour une qualité moindre…
Les besoins en termes d’accueil des jeunes étant criant, il eut été préférable d’investir cette somme dans les structures d’accueils existantes plutôt que de les démanteler…
Les conséquences sont dramatiques pour les jeunes, les familles et pour les professionnels.
Un indicateur montre les conséquences de ce manque de place : la durée des accueils d’urgence en attente de place en foyer à moyen et long terme.
En effet, les accueils d’urgences sont censés se faire sur une base de 3 à 4 mois le temps d’affiner l’évaluation de la situation du jeune et de la famille, de définir l’orientation adaptée et de la mettre en œuvre. Or, ce délai se prolonge sur de nombreux mois, parfois 1 an, faute de place à moyen et long terme en nombre suffisant dans les MECS.
Cette période de maturation de projet qui se prolonge sans raison embolise les places en urgence et n’a pas de sens pour les jeunes et les familles.
Au final, l’ensemble des structures sont saturées.
Cela se répercute sur les conditions d’accueil et le fonctionnement des établissements qui parfois repoussent les murs au-delà du raisonnable.
Ce manque de place amène les professionnels de l’enfance des dispositifs d’urgence et des Pôles Enfance Jeunesse à gérer en tension, à perdre de plus en plus de temps et d’énergie pour chercher et obtenir un lieu de placement. Cela conduit les professionnels de l’enfance (y compris les cadres) à gérer des urgences jusqu’à 23 H. Enfin, il est fréquent d’accepter une place pour un jeune même lorsqu’elle n’est pas adaptée pour l’enfant. A titre d’exemple, des séparations contraintes de fratries s’opèrent faute de places suffisantes…
Ces dysfonctionnements s’exercent en plus dans un contexte particulièrement dégradé où le nombre de situation par professionnel explose et où les délais d’attente de mise en place de mesures s’allongent (ex : 256 mesures d’aide éducative à domicile en liste d’attente, 40 mesures judiciaires de placement à domicile non exercées).
L’insuffisance de moyens pour mener les missions de prévention se répercute sur les besoins en matière de protection de l’enfance et contribue à emboliser le système à tous niveaux.
C’est une perte de sens, contreproductif pour les jeunes, génère surcharge de travail et épuisement professionnel…
Nous constatons de ce fait un fort turnover dans les équipes, de grandes difficultés de recrutement, le recours à des intérimaires fréquent pour pallier les manques au détriment des cohésions d’équipes et des repères durables nécessaires auprès des jeunes pour l’exercice de ces missions.
Les jeunes, les familles, les missions de protection de l’enfance et les équipes méritent mieux que ça !
Il y a urgence à sortir d’un système embolisé et dégradé et à redonner du sens et des moyens aux missions de prévention et de protection de l’enfance, cela concerne les MECS, les services de l’Aide Sociale à l’Enfance (exercées notamment par les pôles enfance jeunesse) et les Assistantes familiales.
Sur tous ces volets, la CGT défend des propositions d’améliorations des conditions de travail, de reconnaissance des professionnels, des moyens au service des jeunes et des familles pour un véritable service public de prévention et de protection de l’enfance.
L’action de tous sera déterminante pour l’avenir de nos missions et le devenir de notre service public…