Jours de Carence : On débunk les mensonges…

Le ministre de la fonction publique vient d’annoncer : « Nous voulons passer le nombre de jours de carence des fonctionnaires d’un à trois, comme dans le privé« .
Cette nouvelle attaque du gouvernement contre les agents publics complète les autres (suppression de la GIPA, gel du point d’indice…).
Cette fois-ci, ils veulent rajouter deux jours de carence et baisser les indemnisations d’arrêt maladie de 10 %.
L’objectif : Taper dans le portefeuille et la santé des agents publics pour réaliser 1,2 milliards d’euros d’économie sur la base de mensonges.

1er mensonge :

Les agents publics seraient par nature « plus absents que les salariés du privé« .
FAUX : Les études disent le contraire.
Parmi les moins absents on retrouve les enseignants et les agents d’Etat.
La part d’absence d’au moins 1 jour pour raison de santé au cours d’une semaine est :

Enseignants

FP Etat Secteur privé FP Hospitalière

FP Territoriale

2,6 %

3,2 % 3,9 % 4,6 %

5,1 %

Source : Direction générale de l’administration et de la fonction publique

Pour les fonctions publiques territoriale et hospitalière, c’est là où les agents sont le plus exposés à des publics vulnérables (Crèches, Ehpads, hôpitaux, Centres PMI…).
C’est là où il y a un poids des métiers pénibles et physiques plus importants (voirie, collège, espaces verts etc.).
Dans les métiers à caractéristiques identiques, il n’y a presque pas de différence en nombre de jours d’absences pour maladie entre privé et public.
Source : IGAS 05.09.2024.
Cela montre au passage que les 3 jours de carence dans le privé ont peu d’effet.
Les sous-effectifs chroniques conduisent à une explosion du nombre d’épuisements professionnels et aux maladies liées au travail. Il serait temps de s’atteler aux causes plutôt qu’aux conséquences…

2ème mensonge :

Les agents publics seraient « privilégiés » par rapport au privé.
FAUX : 2/3 des salariés du privé n’ont aucun jour de carence grâce à une prise en charge de la prévoyance santé.
Source : DREES janvier 2015.

3ème mensonge :

Les jours de carence réduiraient le nombre d’arrêts maladie.
FAUX : D’après l’INSEE ils ont deux effets principaux :
– L’allongement de la durée des arrêts maladie.
– La poursuite du travail malade. Cela peut dégrader la santé des agents et augmenter les dépenses de santé associées.
Source : INSEE 17/07/2024

4ème mensonge :

C’est « dans un souci d’égalité avec le privé« .
FAUX : Comme vu en point 2, deux tiers des salariés du privé n’ont aucun jour de carence. S’il y avait vraiment un souci d’égalité, a-t-il prévu de faire de même pour les salaires ?
En effet, la rémunération des salariés du privé a augmenté deux fois plus vite que celle des fonctionnaires entre 2011 et 2021 (0,4 % en moyenne par an contre 0,2 %).
A noter, que privé comme public cette augmentation moyenne reste extrêmement faible…
Source : INSEE 25.10.2023.

5ème mensonge :

« Il faut responsabiliser les fonctionnaires« , Guillaume Kasbarian le ministre.
FAUX : Ils sont déjà largement responsables ! L’attachement aux missions de service public va de pair avec leur engagement. Une étude récente sur les cadres de la fonction publique l’illustre :
– 1/2 travaille fréquemment pendant ses jours de repos.
– 1/4 travaille plus de 45h/semaine
– 9/10 déclarent faire des heures supplémentaires ; pour plus d’un sur 2, elles ne sont ni récupérées, ni rémunérées (55 %).
Source : Baromètre cadre UGICT Secafi 2024

Le vrai sujet : Les conditions de travail se dégradent !

Au niveau des professions intermédiaires, c’est dans la fonction publique que leurs conditions de travail se dégradent le plus :
– 61 % déclarent que leur charge de travail a augmenté par rapport à l’année dernière (+8 points par rapport au privé)
– 68 % estiment être soumis à des risques psycho-sociaux (+15 points par rapport au privé).
Source : Baromètre cadre UGICT Secafi 2024

Le discours gouvernemental qui se diffuse actuellement est truffé de mensonges, populiste et dangereux.
Dans le privé comme le public, il ne devrait y avoir aucune journée de carence. Etre malade n’est pas un choix !

Article associé :
– GIPA 2024 : Reconduction ou disparition ?

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