La question des retraites est au centre de l’actualité. La mobilisation continue et la CGT informe les salarié·es à travers cette FAQ (foire aux questions).
Vous vous posez des questions ? La CGT y répond à travers cette foire aux questions
Lors de son discours de politique générale, avec beaucoup de mépris, le Premier ministre n’a pas répondu ni parlé des préoccupations de la population :
- ni de l’augmentation des salaires et des pensions pourtant vitale ;
- ni des milliers de licenciements en cours ;
- ni de la nécessité d’arrêter l’hémorragie des services publics.
Dans la droite ligne des politiques économiques exclusivement favorables aux actionnaires des grands groupes mises en place ces sept dernières années, le Premier ministre, usant du chantage à la dette, des menaces sur les services publics et la Sécurité sociale, a toutefois été contraint d’annoncer l’ouverture d’une conférence sur la réforme des retraites. Si la retraite à 64 ans est toujours contestée aujourd’hui c’est grâce à la mobilisation syndicale et populaire sans faille.
1 – Pourquoi continuer à se battre contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans ?
Emmanuel Macron n’a jamais eu de mandat pour allonger l’âge de départ à la retraite. Ainsi, depuis le début, cette réforme souffre d’illégitimité démocratique : elle n’a jamais été votée à l’Assemblée nationale – elle n’aurait jamais eu de majorité sans 49.3.
Il y a deux ans, le 19 janvier 2023 marquait la première mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. La première d’une très longue série qui durera près d’un an et verra des millions de personnes dans la rue chaque semaine pour demander le retrait du projet de loi de réforme. Samedi 11 février 2023, nous étions 2,5 millions partout en France contre la réforme des retraites.
Malgré 14 journées de manifestations atteignant jusqu’à 3 millions de personnes, de nombreuses grèves reconductibles, des mois de mobilisation, le président de la République a décidé d’imposer cette réforme en force, sans vote des député·es, et en fermant systématiquement toutes les portes ouvertes par les organisations syndicales.
Deux années volées
Alors que l’âge minimum de départ n’a augmenté que de six mois à fin 2024, le nombre de personnes de 62 ans inscrites à Pôle emploi a déjà augmenté de 50 % (source).
Mesure phare de la réforme des retraites, l’âge de départ à la retraite à taux plein est décalé de deux ans, passant de 62 à 64 ans. Depuis le 1er septembre 2023, les personnes nées à partir du 1er septembre 1961 devront attendre l’âge de 62 ans et 3 mois pour prétendre à la retraite.
Il faut avoir 62 ans et 9 mois depuis le 1er janvier pour la génération née en 1963.
L’âge légal sera ensuite graduellement décalé de trois mois chaque année, pour atteindre 64 ans en 2030.
Au recul de l’âge légal s’ajoute l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation (loi Touraine 2014). Ainsi, la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein augmente progressivement d’un trimestre supplémentaire par an, passant de 42 ans aujourd’hui à 43 ans, dès 2027 au lieu de 2030.
Il faut supprimer les 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine mais aussi rétablir les régimes pionniers.
Au-delà, la CGT porte le retour de la retraite à 60 ans. Il ne s’agit ni d’un totem, ni d’une quelconque revanche. Il s’agit d’une urgence sociale car la réforme fait déjà des ravages que la vague de désindustrialisation en cours aggravera encore.
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2- C’est quoi cette histoire de “conclave” ?
Attachée à la laïcité, la CGT suggère qu’en lieu et place d’un conclave le Premier ministre organise une conférence sociale sur les retraites. La question des retraites intéresse les dizaines de millions de travailleuses et de travailleurs du pays, et nos discussions doivent se faire sous leurs yeux, pas dans le secret d’un conclave.
Après des mois de contestation, de grèves massives, des manifestations exceptionnelles, une bataille législative virulente, l’utilisation du 49.3 et un recours devant le Conseil constitutionnel, la réforme des retraites est entrée en application le 1er septembre 2023. Probablement l’un des plus grands dénis de démocratie de la Ve République.
Cependant, la CGT n’a jamais renoncé à exiger son abrogation, et c’est grâce à cette boussole et à la mobilisation des salarié·es que la question est restée dans l’actualité jusqu’à être portée par les parlementaires et à contraindre le Premier ministre, François Bayrou, a rouvrir les discussions sur l’ensemble de la réforme des retraites.
3 – Pourquoi parle-t-on autant de la dette, mais jamais des recettes ?
Il n’y a aucune fatalité dans le financement des retraites, la réforme actuelle est purement idéologique et sert le projet d’Emmanuel Macron d’enterrer le système de retraite solidaire pour favoriser la capitalisation.
D’autres choix sont possibles.
À de nombreuses reprises, la CGT et les organisations syndicales ont fait des propositions sérieuses pour maintenir le système par répartition, notamment en mettant à contribution les grands groupes qui chaque année battent des records dans le versement de dividendes, mais rechignent toujours à participer à l’effort national.
Cette année encore, les grosses entreprises du CAC 40 ont versé plus de 98 milliards d’euros à leurs actionnaires.
Les grandes entreprises et leurs actionnaires refusent aujourd’hui de renoncer à leurs cadeaux fiscaux et aux exonérations de cotisations. L’argent est là, mais le gouvernement ne veut pas en entendre parler ! La CGT veut mettre fin à ce scandale démocratique.
Abroger la réforme des retraites coûterait 3,4 milliards d’euros en 2025, et 16 milliards d’ici 2030. Ces sommes doivent être mises en regard avec les 80 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales dont bénéficient chaque année les entreprises.
En octobre 2024, à l’initiative du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, ainsi que du rapporteur général du projet de loi de finances, Charles de Courson, une conférence de financement de notre système de retraite – que les organisations syndicales réclament depuis deux ans – a été organisée.
Trouver de nouvelles recettes pour financer les retraites : quelques propositions de la CGT
- 2,2 milliards d’euros en mettant à contribution les primes non cotisées, l’intéressement et la participation ;
- 5 milliards d’euros par une augmentation de 0,5 point de la cotisation patronale retraite ;
- près de 6 milliards d’euros par la création d’une contribution technique temporaire pour les entreprises en faveur de l’égalité Femmes-Hommes. Cette contribution pourrait soit être calculée via les DSN, soit à partir de l’index égalité professionnelle, en assujettissant toutes les entreprises n’ayant pas 100/100 à leur index. Pour rappel, l’index n’est pas calculé sur les entreprises de moins de 50 salarié·es qui ne seraient donc pas concernées ;
- 6,4 milliards d’euros en doublant le forfait social sur l’épargne retraite, de façon à aligner le niveau de taxation de l’épargne retraite sur celui des salaires. À noter : là aussi les petites entreprises – qui pratiquent très peu l’épargne retraite – ne seraient pas concernées. Il s’agit d’une mesure de bon sens car aujourd’hui l’État favorise un dispositif concurrent à la retraite par répartition au travers de dispositifs fiscaux incitatifs à l’épargne retraite ;
- 24 milliards d’euros en soumettant les revenus financiers à cotisations sociales, de façon qu’ils soient autant mis à contribution que les revenus du travail.
➡️ Retrouvez l’ensemble des propositions de la CGT détaillées en téléchargement ici
4 – Et maintenant, que va faire la CGT ?
Le Premier ministre souhaite une “délégation permanente” des organisations syndicales et patronales, mais la CGT répond qu’il ne peut y avoir de préalable à la discussion. La réforme des retraites pâtit d’un profond vice démocratique.
Il faut donc que, quelle que soit l’issue des discussions, le Parlement, et/ou le peuple aient le dernier mot.
Selon les premiers mots du Premier ministre, « si les partenaires ne s’accordent pas, la réforme actuelle continuera à s’appliquer« , or, comme les représentants patronaux ont tout intérêt à ne pas trouver d’accord pour que la réforme s’applique telle quelle, cela revient à dire qu’il n’y aura de négociation possible.
La CGT est très claire : on ne peut pas négocier avec un pistolet sur la tempe et laisser ceux qui nous licencient avant 60 ans nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans.
La CGT ne négocie pas sans mandat ni rapport de force. Son fonctionnement est démocratique et la Confédération consulte les organisations professionnelles et territoriales avant toute décision importante, comme la participation à une négociation ou la stratégie à adopter.
La CGT procède toujours de cette manière lorsqu’elle négocie – que ce soit nationalement, dans les branches, ou dans les entreprises et administrations – les discussions doivent être ouvertes et les positions des uns et des autres connues, placées sous contrôle démocratique des salarié·es à chaque étape majeure des négociations. Dans la même logique, la CGT appelle ses syndicats à se réunir sur ce sujet et à réunir les salarié·es pour les informer des négociations en cours et porter au mieux leurs revendications, sur la retraite mais aussi sur les salaires et les services publics.
La CGT se met d’ores et déjà en ordre de bataille
À commencer par relancer une campagne d’information et de mobilisation des salarié·es. Rien n’est écrit d’avance et c’est la mobilisation des salarié·es qui fait toute la différence.
L’abrogation de la retraite à 64 ans et le retour à retraite à 62 ouvre la voie vers le retour à la retraite à 60 ans.
Notre régime de Sécurité sociale a été créé par Ambroise Croizat en application du programme du Conseil national de la Résistance : “Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie”. Pour cela, les résistant·es ont construit un système par répartition dans un pays pourtant ruiné par guerre !
Ce système visionnaire nous a permis d’affronter toutes les crises pendant, qu’ailleurs, les régimes par capitalisation s’effondraient.